Au château du Haut-Koenigsbourg la première décennie du 20e siècle est marquée par plusieurs années de travaux intenses. A nouveau le destin de la forteresse est lié à de fortes personnalités.
Trois d'entre elles en particulier ont eu un rôle majeur dans la restauration du château : l'empereur allemand Guillaume II, l'architecte berlinois Bodo Ebhardt et l'artiste alsacien Léo Schnug.
Présentation...
Guillaume II (1859-1941)
Guillaume II (Friedrich Wilhelm Viktor Albrecht von Hohenzollern), né le 27 janvier 1859 au château de Potsdam à Berlin, est le dernier empereur allemand et dernier roi de Prusse. Il règne de 1888 à 1918.
Son règne est marqué par la révolution industrielle et un militarisme exacerbé.
Désireux d'être le chef moderne d'un pays dynamique, il renvoie, dès 1890, le chancelier Bismarck et lance un plan économique et social qui transforme l'Allemagne en une grande puissance industrielle.Il ne renouvelle pas le pacte germano-russe d'assistance mutuelle et mène une politique étrangère agressive qui le met rapidement en confrontation avec le Royaume Uni et la France. Il se rapproche alors de l'Autriche et de l'Italie et entreprend un vaste effort de réarmement.
En 1914, il engage son pays dans la Première Guerre Mondiale. Il abdique le 9 novembre 1918 et se retire aux Pays-Bas où il meurt en 1941.
Tout au long de sa vie - passionné par les arts classiques et l'archéologie - Guillaume II rêve de Moyen Âge et de vertus chevaleresques.Soucieux d'égaler son grand père Guillaume Ier et de s'inscrire dans la lignée des grands empereurs, il exprime son ambition dans la restauration du Haut-Koenigsbourg. Il suit le chantier de très près, établit des liens étroits avec l'architecte Bodo Ebhardt, et visite le chantier tous les ans.
Bodo Ebhardt (1865-1945)
Féru de châteaux forts, il publie en 1899 "Deutsche Burgen", livre dans lequel il propose des reconstitutions de ruines. La même année, il fonde l'Association pour la conservation des châteaux forts allemands (Deutsche Burgenvereinigung) au château de Marksburg, à Braubach en Allemagne.
Il édite Der Burgwart, une revue sur les châteaux, qui milite en faveur de la conservation, et surtout de la restauration des châteaux forts médiévaux, ce qui lui vaut de nombreuses critiques d'opposants à la restauration. Sa passion pour le Moyen Âge et ses restaurations de châteaux forts lui attirent la sympathie de Guillaume II, qui lui rend régulièrement visite dans son atelier berlinois.
Leo Schnug (1878-1933)
Victime de l'alcool et de la solitude, il décède à l'hôpital psychiatrique de Brumath-Stephansfeld, le 15 décembre 1933. Il repose au cimetière de Lampertheim, dans le Bas-Rhin, où sa tombe peut encore être visitée.
Sa première intervention au château date de 1908, lorsqu'il prépare les croquis des costumes du défilé de l'inauguration. Jusqu'en 1914, il réalise les principales peintures murales du monument, dont la fameuse salle des fêtes de l'empereur et la salle des trophées de chasse. Il est aussi l'auteur des œuvres suivantes :
- "Saint Martin partageant son manteau" (Musée de Strasbourg)
- Décorations murales de la Maison Kammerzell et l'ex-pharmacie du Cerf à Strasbourg
- "Der von Tierstein" à la mairie de Lampertheim
Charles Dickely
Serrurier à Orschwiller (village situé au pied du château), il devient responsable des artisans du fer. Son équipe réalise l'ensemble des ferronneries du château (serrures, herses, chaînes, etc.), installe les machines et assure leur maintenance.
Jusqu'en 1905, il monte tous les jours à pied. Puis il loge sur place, au-dessus de la forge, et installe sa basse-cour à l'Oedenburg ! Après l'inauguration, il réalise encore quelques décorations, dont la grille de la salle du Kaiser qu'il forge avec son fils Armand. Parallèlement, il conduit des visites guidées du monument.
Henri Brenner
Chef des charpentiers. Il est déjà reconnu dans la profession lorsque Bodo Ebhardt le sollicite pour devenir contremaître, directement sous ses ordres. Il se marie en 1905 et monte alors tous les jours au départ de Châtenois (village à une dizaine de kilomètres du monument) où ses descendants résident toujours.
Il participe aux travaux de finition jusqu'en 1910. En 1908, il est récompensé pour son travail et reçoit la médaille du souvenir en bronze, dont seulement neuf exemplaires furent offerts.